dimanche 30 juillet 2023

Once años en Titicaca

Jeudi 27 juillet.
Geovanni nous a conseillé la casa de son ami Jésus, au bord du lac Titicaca. Une petite soixantaine de kilomètres et nous y serons. La sortie de Juliaca est une décharge à ciel ouvert. Ce ne sont pourtant pas les messages d’interdiction et de sensibilisation qui manquent…
Pas de barrage sur notre chemin, la contestation a lieu plus au sud du lac, autour de Puno principalement. La péninsule de Capachita où nous nous rendons est d’un calme absolu. La vie y semble plus douce qu’ailleurs.
Arrivés à Llachon, nous prenons possession de notre chambre, avec vue sur le lac.
Du vendredi 28 au dimanche30.
Anatole a 11 ans dimanche. Pour l’occasion, nous restons quatre nuits à la casa de Jésus.
Nous randonnons sur les hauteurs du lac, nous sympathisons avec Vincent et Diana, un couple de Français. Geovanni revient à vélo de Juliaca passer l’après-midi et la soirée avec nous. Il offre à Lison et Anatole une petite sacoche de guidon confectionnée par ses soins.
Nous partons en bateau visiter l’île de Taquile et découvrons une des îles flottantes de l’archipel d’Uros.
Chaque île ressemble à un grand radeau constitué de plusieurs couches compactes de totora, une espèce locale de roseau. Le tout est ancré à des piquets afin d’éviter toute dérive. La petite centaine d’îles compte environ 1 500 habitants, avec 3 ou 4 familles par île. Les insulaires vivent de la pêche mais désormais principalement du tourisme.

Après cette pause, nous reprenons les hostilités : direction la Bolivie par la côte nord du lac Titicaca.

 

mercredi 26 juillet 2023

¡ Impresionante !

Vendredi 21 juillet. 
Anatole se sent mieux, il souhaite reprendre la route plutôt que de passer une journée de plus à l’hôtel. La tourista semble oubliée, nous veillons à ce qu’il s’hydrate bien.
Pour midi, nous arrivons à Sicuani qui grouille de monde. Nous sommes bloqués par un défilé d’écoliers qui fêtent le début de deux semaines de vacances. Nous atteignons tant bien que mal l’immense marché pour y déjeuner.
Dans l’après-midi, nous franchissons les 4 000 m d’altitude et nous arrivons à Aguas Calientes. Pour cinq soles par personnes (1,25 €), on nous autorise à planter la tente sur le site et à profiter des bassins d’eaux chaudes. De petits canaux les alimentent et régulent leur température et leur débit. Nous passons un long moment à discuter avec un groupe d’amis péruviens. Avant de partir, ils nous lisent un verset de la bible, puis font une prière pour notre famille et notre voyage.
A 19h30 les enfants sont toujours dans l’eau. Le soleil est couché depuis une heure et demie et les températures sont maintenant négatives. Il est temps de manger un bout et d’aller se coucher.

Samedi 22.
La journée commence comme a fini la précédente. Le bain matinal ne nous met pas en avance, on y resterait des heures…
Le petit défi du jour est le col de la Roya à 4 338m. Nous nous laissons ensuite glisser jusqu’à l’Altiplano, l’immense plateau andin qui s’étend sur près de 1 500 km.
Nous mangeons dans la ville de Santa Rosa, où une petite fille bien bavarde vient nous demander pourquoi nous sommes blancs. Nous parcourons encore quelques kilomètres pour planter la tente sur un côteau en contre-haut de la route. La vue est splendide.
Dimanche 23. 
Jour du seigneur, la route est quasi déserte. L’Altiplano, synonyme de longues lignes droites avec très peu de dénivelé, nous invite à profiter de la vie paysanne. Les petites fermes et les troupeaux de vaches sont nombreux, il nous faudra goûter le fromage. Celui qui traine dans nos sacoches depuis Cuzco est maintenant moisi et, sur la place d’armes d’Ayaviri, nous nous contentons d’un peu de pain, de fruits et de quelques gâteaux pour refaire le plein d’énergie. Nous faisons également le plein d’eau dans une station-service.
Nous en avons un peu marre de la route 3S. Nous faisons le choix d’emprunter une piste qui doit nous mener jusqu’au canyon de Tinajani. Nous ne sommes pas déçus. Nous plantons la tente dans une ferme, le long de la rivière, en plein milieu des gorges. Nous passons la fin de l’après midi à sillonner le site.
Lundi 24.
L’étape du jour s’annonce difficile. Pour rejoindre Juliaca dans deux jours, nous devons franchir un col à 4 610 m par la piste de la veille, avec des passages à plus de 15%. Nous en bavons, mais les paysages qui changent sans cesse sont incroyables. Nous sommes surpris par une forêt de puyas de raymondi, des palmiers d’altitude, par un lac où se rencontre une multitude d’oiseaux, par les falaises, par les sommets et les alpages andins.
Sur notre passage, les lamas et les alpagas s’écartent. Les chiens qui les gardent aboient mais ne sont jamais agressifs.
En fin de journée, nous retrouvons une petite route asphaltée. Il est 15h30 et temps de s’arrêter. La nuit tombe peu après 17h30, les températures chutent vite. Cela laisse deux heures pour monter le camp et préparer le repas du soir. Après avoir jeté nos dernières forces dans le franchissement d’une rivière, nous plantons la tente au milieu de constructions abandonnées, sans doute d’anciens moulins, en témoignent les grosses pierres de meule encore présentes sur place.
L’étape du jour fera sans aucun doute partie des plus belles qu’il nous ait été donné de parcourir. En France, de tels sites seraient sans doute sur-fréquentés.
En une journée, nous avons croisé deux camionnettes et salué quelques bergers.
Mardi 25.
Nous nous réveillons à 6h30. Le jour s’est levé depuis une bonne demi-heure mais le thermomètre affiche encore -10°C. Nous attendons les premiers rayons du soleil, toujours caché dernière la montagne. L’atmosphère est tellement sèche que, même à cette température, il n’y a pas un poil de givre sur la tente. Cela nous fait toujours gagner un temps précieux quand nous pouvons plier la toile sans avoir à la faire sécher.
Comme chaque matin, nous nous mettons en selle sous un soleil radieux. Nous rejoignons l’Altiplano et, à midi, nous nous retrouvons par hasard pris au milieu d’un défilé religieux. S’en suivent la fanfare et la cavalerie. C’est la fête annuelle du village de Lampa et de son Saint patron, Santiago. Les gens, endimanchés, nous regardent un peu intrigués. Elliot, qui vit la moitié du temps en Espagne et l’autre au Pérou, nous interpelle et nous emmène manger dans le restaurant de son ami : au menu, truite et alpaga.
Notre point de chute du soir est la casa ciclista de Geovanni, à Juliaca. Qui dit Altiplano, dit kilomètres vite avalés et malgré notre longue pose du midi, nous arrivons assez tôt dans la banlieue de la ville, qui compte 220 000 habitants. Les détritus jonchent les bas-côtés, les sacs en plastique volent au vent, les tas de gravats recouvrent les trottoirs, et la route, défoncée et pleine de nids de poule part en poussière… Nous arrivons chez Geovanni, contents et crasseux. 
Mercredi 26.
Journée de repos : il nous faut trouver una lavanderia pour repartir propres, faire quelques courses pour remplir les sacoches et essayer de profiter de la ville qui fourmille en cette veille de grève générale et de fête nationale. Nous passons du temps à la casa à discuter avec Geovanni qui nous reçoit, incroyable d’investissement et de dévouement, avec Fanny et Joachim, une Suissesse et un Argentin, et Guillermo, un Brésilien, d’autres voyageurs de passage.
Si nous ne sommes pas empêchés par la grève et les barrages éventuels, nous reprendrons la route demain, en direction du lac Titicacca. Nous y passerons quelques jours et fêterons l’anniversaire d’Anatole.