Du dimanche 11 au mardi 13 février.
Dernière ligne droite. Avion le 21 à Puerto Montt, arrivée à Lyon le 22 au
soir.
Après une étape à Ancud, la grande ville du nord de Chiloé, nous arrivons à
Guabun. La côte pacifique est bien plus sauvage et bien moins peuplée que la
côte maritime de l’île. Voilà une opportunité de pouvoir bivouaquer facilement sans
être dérangés, dans un pays où l’accès à la nature est souvent compliqué… et parfois
payant.
Après nous être faufilés entre les dunes, nous partons à pied en repérage,
à la recherche du spot idéal. Nous trouvons une vaste crique. L’accès nécessite
de décharger les vélos puis de les porter, gage de tranquillité. Nous avons le plein d’eau, suffisamment de nourriture et une plage pour nous
tout seuls. Le bonheur… Nous partirons quand l’eau manquera.
Malheureusement, en fin de matinée du deuxième jour, nous avons la visite
de deux agents de la police maritime. On ne sait trop comment ils sont arrivés jusqu’à
nous. Ils nous informent -gentiment mais fermement- que nous n’avons pas le
droit de passer la nuit à moins de 80 mètres de la plage.
Nous ne voulons risquer ni l’amende ni les ennuis, nous levons le camp à
regret.
En espérant ne pas revoir ces deux-là, nous allons nous poser vingt
kilomètres plus loin au bord du golfe d’Ancud. Dernier bivouac du voyage… Déjà
un peu d’émotion.
Direction Chacao, petit port d’où nous regagnerons le continent.
Pour passer la nuit, nous avons la chance de rencontrer Antonieta, qui nous
accueille dans son jardin. Elle vit seule, avec ses chiens, ses poules et son
cheval. Elle est heureuse d’avoir un peu de compagnie et de nous offrir l’hospitalité.
Nous passons à ses côtés une belle dernière soirée. Muchas gracias Antonieta
!
Après vingt petites minutes de bateau nous foulons à nouveau le continent.
Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent de ce côté-là et nous
avons désormais hâte d’arriver à Puerto Montt.
Après avoir étudié les itinéraires possibles, nous nous sommes mis d’accord,
à l’unanimité : ce sera l’autoroute. Cette partie de la panaméricaine n’est
pas trop fréquentée, une large bande d’arrêt d’urgence nous met en sécurité et
c’est la route la plus directe.
La seule inquiétude concerne le passage du péage…
Nous nous mettons dans la file de droite, celle des camions. Discrètement,
nous la remontons par la droite, jusqu’à la barrière... Elle se lève, le camion
démarre. Nous le devançons.
Anatole ne peut s’empêcher de faire coucou à la caméra !
Nous arrivons à Puerto Montt avec un jour d’avance dans une maison que nous
avions réservée depuis trois mois. Une dernière fois, nous avons la chance d’être
reçus par des gens formidables. Ruben et Paulina nous accueillent comme si nous
étions de la famille.
Du vendredi 16 au mardi 20.
La sensation est curieuse. Nous voilà entre deux. D’un côté le voyage, qui
est fini. De l’autre notre vie d’avant, qui n’est jamais vraiment comme avant
après un voyage au long cours, mais qui nous attend encore.
On aurait donc tendance à tourner un peu en rond, cependant on ne s’ennuie
pas.
Il nous faut trouver des cartons pour les vélos, les démonter, les
emballer, faire les bagages, chercher un moyen de nous rendre à l’aéroport avec
tout notre équipement.
Ruben est d’une aide précieuse. Paulina nous prépare la once, le dernier
repas de la journée, qui s’apparente à une sorte de petit-déjeuner allemand. Nous
passons de bons moments autour de la table.
Nous achetons des habits aux enfants qui ont bien grandi en huit mois. De
leur côté, ils terminent leur carnet de voyage, se remémorent les bons moments vécus,
écrivent leurs impressions de voyage.
Depuis une semaine déjà, Anatole rêve chaque nuit de sa chambre, de sa
maison et de ses copains. Lison a elle la tête au collège et fait les devoirs demandés
par les professeurs pour la rentrée.
Tout se bouscule un peu dans nos têtes. Dans quelques jours les enfants
reprendront leur scolarité, Cécile retrouvera le travail, de mon côté j’aurai
encore six mois « de liberté ».
On ne sait jamais vraiment comment on appréhendera le retour. Nous aurons
cependant la fierté d’avoir réussi notre pari : offrir à nos enfants trois
voyages au long cours.
En neuf ans ils auront manqué trois années de scolarité, mais les 25 000
km de vélos qu’ils ont parcourus leur auront apporté bien plus. Leur boîte à
souvenirs s’est remplie. Non pas de souvenirs qui emprisonnent mais de souvenirs
qui transmettent leur énergie, de souvenirs qui transmettent la force vitale d’expériences
uniques.
Ces années de vélo sont des années de formation, elles en valent sans doute
bien plus. Si le voyage à vélo est une si bonne école, c’est parce qu’il est une
source d’émerveillement, une source d’apprentissage par le biais d’une
multitude de petites épreuves, en même temps qu’une grande leçon de modestie. Ils
savent que le réel vaut bien mieux que le virtuel, ils savent qu’il y a mille
façons d’être humain, ils savent que la nature est plus forte que l’homme.
Ce voyage est le dernier grand voyage que nous partagerons tous les quatre.
Merci Lison, merci Anatole de nous avoir suivis dans ces folles aventures. A
vous de jouer maintenant.
Et merci à tous, famille, amis et parfois inconnus de nous avoir suivis,
encouragés et soutenus. Merci à tous ceux rencontrés en chemin d’avoir rendu ce voyage inoubliable.
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