Lundi 16 octobre.
A quatre de nouveau, nous retrouvons la route 40 là où nous l’avions
laissée. Après 76 km peu enthousiasmants, à part un final sinueux, nous
arrivons au camping municipal de Santa Maria. Les lits en dortoir sont à 700
pesos par personne, nous sommes seuls, aucune raison de vouloir planter la tente.
Mardi 17.
Nous discutons des deux options du jour :
- faire une étape de 50 km, jusqu’à l’entrée d’un désert d’une soixantaine
de kilomètres et bivouaquer à côté d’une petite chapelle, dernière construction
susceptible de pouvoir nous abriter du vent ;
- faire une étape de 115 km qui nous fait traverser le désert et poursuivre
jusqu’à la ville suivante.
Cela dépendra du vent qui souffle plutôt de face ces jours-ci.
Les 50 premiers kilomètres s’avalent facilement, le vent est à peine levé
et il est plutôt favorable.
Nous pique-niquons à la petite chapelle. Nous avons
l’après-midi devant nous, tout le monde est partant pour poursuivre. Un
argentin s’arrête nous ravitailler en eau mais notre poche de réserve est pleine.
Nous avons prévu ce qu’il faut, au cas où nous devrions passer la nuit au
milieu du désert.
Anatole branche son enceinte, nous pédalons en sifflotant. « C’est facile
de faire 120 km ! »
Oups… Ne jamais parler trop vite… Le vent hésite, s’affole, se renforce et
nous scotche littéralement sur place. Nous l’aurons de face jusqu’à la fin. Nos
sacoches lui offrent une résistance plus que certaine. C’est une lutte à chaque
coup de pédale. La
route est pourtant parfaitement plate mais le compteur descend sous les 8 km/h à chaque coup de semonce... Les cinquante derniers kilomètres se
font au mental.
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Comme un cheval qui sent l’écurie, à l’approche de Hualfin, les enfants filent
devant. Nous loupons la sortie pour le village et il faudra rouler encore un
peu plus ! Au kilomètre 119, nous arrivons à l’auberge municipale, exténués.
L’option 2 est validée.
Mercredi 18.
Nous nous accordons une journée de repos à Hualfin. Nous quittons l’auberge
municipale pour aller chez Adrian qui a un petit camping et quelques cabanes
pour passer la journée et la prochaine nuit.
Nous faisons une dégustation à la cave municipale du village, fondée en 2012
suite à un procès gagné contre des exploitants miniers pollueurs.
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Nous randonnons dans le canyon de Pozo verde. Pendant que les parents font
la sieste, les enfants finissent l’après-midi à jouer avec Federico, le fils d’Adrian.
Les animaux se comptent par dizaines : lamas, chevaux, chèvres, moutons, poules,
canards, oies, perroquets, des lapins et huit chiens ! Federico les
emmène arpenter les vignes, la montagne et les grottes alentour.
Nous passons la soirée autour du feu avec Omar, venu de Buenos Aires pour se
ressourcer loin de l’agitation de la ville. Sincère, généreux et très touchant,
nous discutons jusqu’à bien plus tard que prévu.
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Jeudi 19.
Nous avons réservé une maison à Belen pour trois nuits afin de fêter les 13
ans de Lison.
Nous sommes à une soixantaine de kilomètres de notre ville étape. Rien d’exceptionnel
en chemin. Nous sommes cependant intrigués par ces petits autels rouges ornés
de drapeaux et de bandeaux de la même couleur qui apparaissent chaque jour au
bord des routes et dont nous ne connaissons pas le sens. Il s’agit en fait de
sanctuaires en dévotion à Gauchito Gil, un saint païen des dépossédés, décapité
au XIXème siècle. Les voyageurs s’y arrêtent pour prier, lui rendre grâce pour ses
supposés miracles et déposer des objets rouges mais aussi des cigarettes et des
bouteilles de vin !
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Le vent est toujours en notre défaveur mais dès 14 heures, nous sommes
accueillis par Liliana. Un accueil magistral ! Le frigo est plein et
Liliana nous a fait de délicieuses empanadas toutes chaudes. Que bueno !
Comme les dernières étapes, celles qui s’annoncent paraissent peu
intéressantes ou tout au moins paraissent avoir un air de déjà -trop- vu. Il nous trotte dans la tête d’aller désormais rapidement plus au sud pour
découvrir d’autres paysages sous d’autres latitudes.
Nous nous renseignons sur les bus : compliqué avec les vélos. A la station,
suivant les interlocuteurs, on nous dit « peut-être », on nous dit « possible »,
on nous dit « pas possible ». On n’est pas très avancés. Nos lectures
sur les forums confirment que c’est toujours incertain de pouvoir embarquer des
vélos en Argentine.
A une heure du matin, nous nous rendons à la gare routière pour
voir si le bus pour Catamarca accepte les vélos. Il faut visiblement négocier
avec le chauffeur et éventuellement lui graisser la patte… Celui-là, malgré un
air patibulaire, ne semble pas voir de problème… Mais à bien y regarder, on se
demande comment quatre vélos plus les bagages vont pouvoir rentrer en soute et
laisser suffisamment de place aux autres passagers. Sans compter que si on accepte nos vélos
jusqu’à Catamarca, on pourra nous les refuser pour aller ensuite jusqu’à
Mendoza. Bref, option bus abandonnée.
Vendredi 20.
Jour anniversaire. Liliana, toujours aux petits soins, a fait préparer par
une amie un délicieux gâteau au dulce de leche et à la fraise. Il n’y a plus qu’à
trouver une bougie. Feliz compleaños Lison !
Nous parcourons la ville à la recherche d’un plan B. Grossistes, commerçants
ou autres professionnels peuvent peut-être se rendre à Mendoza à vide… Nous
avons une touche mais elle tombera finalement à l’eau. Il va sans doute falloir
continuer à vélo jusqu’à Mendoza.
En attendant, nous découvrons Bélen. Nous continuons à réfléchir.
Nous proposons à Liliana et son mari Ruben de venir prendre un apéritif à
la maison. Il se trouve qu’ils doivent aller à Mendoza pour voir leur fils
jeudi. Ils nous proposent de nous emmener.
Du samedi 21 au mardi 24.
A la mi-temps de notre voyage nous recevons nos premières gouttes de pluie.
Notre séjour à Belen se poursuit, en attendant jeudi et notre départ pour
Mendoza.
La maison étant louée dès le dimanche, nous nous préparons à aller au
camping. C’est sans compter sur l’attention de Liliana et Ruben qui nous
proposent de nous loger dans un studio, juste à côté. Ils nous invitent à faire
un asado chez Fidol et Maria, oncle et tante. Fidol est un asador hors pair et
nous sommes reçus comme si nous étions de la famille. Quelle chance nous avons d’avoir rencontré des personnes d’une telle
gentillesse. Liliana, Ruben, Maria y Fidol, muchisima gracias !
Mercredi 25.
Nous préparons les bagages et les vélos qui doivent tenir dans la benne du
pick-up de Ruben et Liliana. Il manque une place dans la voiture pour que tout
le monde tienne. Cécile prendra le bus. Je reste avec les enfants pour la
manutention des vélos.
Demain nous nous retrouverons à Mendoza. Nous aurons fait un bond de 800 km
plus au sud.