Du mardi 3 au vendredi 6 octobre.
Nous profitons du confort de notre maison pour faire travailler les
enfants, cuisiner et nous reposer. Nous recevons Luis, Guiseppe, Augus et la
famille Permanne : un Bolivien, un Italien, une Argentine et dix Français.
On ne peut pas dire qu’on ait beaucoup visité Salta, ces quelques jours ayant
plutôt eu un petit air de « comme à la maison ».
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Samedi 7.
Remise en selle. Difficile de se lever tôt…
En milieu de matinée nous retrouvons Giuseppe en centre-ville. Nous avons
décidé de faire un bout de chemin ensemble, au moins jusqu’à Cafayate.
C’est ensuite Luis que nous retrouvons à Cerrillos où il aide à
l’organisation d’une compétition de VTT. Lison et Anatole testent le circuit.
Impressionné par leur aisance, il souhaite les inscrire à la course de
l’après-midi. Après quelques hésitations et un copieux pique-nique, nous
reprenons finalement notre chemin. Adios Luis !
Nous tentons de quitter les zones urbanisées en évitant la circulation. La
route 49 et son revêtement chaotique font parfaitement l’affaire. Quasiment
aucun trafic, mais ça secoue fort par moment. Cécile perd en route ses sandales
sans doute insuffisamment harnachées.
En milieu d’après-midi nous atteignons notre objectif, la route 33. Il nous
faut cependant rouler encore une dizaine de kilomètres pour trouver un coin de
bivouac. Nous nous installons au bord du rio Escopie, à quelques mètres du pont
Chorro blanco. Les enfants nous préparent un feu. Nous trinquons à notre
première journée de vélo à cinq.
Dimanche 8.
Les choses sérieuses commencent : un col à presque 3 500 m
d’altitude et quasiment 50 kilomètres de montée. La route est asphaltée. Par le
jeu des bosses dues au franchissement des vallées adjacentes, nous prenons
lentement de l’altitude. En levant la tête on aperçoit les condors flirter
avec les falaises. Les cactus apparaissent, ils cohabitent quelque temps avec
les arbres.
Après une première partie sinueuse et agréable, une grande, monotone et
décourageante ligne droite réussit à entamer nos forces. Nous arrivons au
lieu-dit « pie de la cuesta », indiquant sans doute que le plus dur
est à venir.
Ouvrant la voie vers le sommet, la route devient piste : sable, terre,
pierres, tôle ondulée et forts pourcentages rendent l’effort intense. Sans
compter la poussière soulevée à chaque passage de véhicule et le vent qui se
lève. Le versant sur lequel nous progressons est raide. Trouver un endroit où
planter une tente semble compliqué.
Dans un virage, un inespéré bout de terrain plat nous tend les bras. Après
avoir franchi une clôture et déblayé bouses et crottins, l’espace est prêt à
accueillir nos tentes.
33 km et 1 870 mètres de dénivelé positif, il n’en fallait pas
beaucoup plus pour aujourd’hui. D’où nous sommes, nous apercevons le sommet, à 1 300
m au-dessus de nos têtes…
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Lundi 9.
La tente est gelée, mais la nuit fut bonne et nous avons repris des forces.
Il reste 14 km d’ascension. Les vues sont spectaculaires. Lors d’une pause à un
mirador, nous faisons connaissance avec un petit renard gris d’Argentine venu
renifler nos sacoches.
Nous venons à bout de la « cuesta del Obispo » plus facilement et
plus rapidement que prévu. Bien avant midi, nous sommes au sommet. Avec
Giuseppe, nous nous congratulons, heureux et émus d’en terminer. Les touristes, argentins, brésiliens, uruguayens ou bien français nous félicitent et demandent à nous prendre en photo. Ils sont bavards, il est difficile de repartir !
Nous retrouvons l’asphalte. Ce sont maintenant cinquante kilomètres de
dénivelé négatif qui nous attendent. Nous poussons quelques cris de joie avant d'entamer une folle descente à
travers une vaste pampa.
Nous pique-niquons à l’entrée du parc national Los Cardones. Un désert de
cactus a envahi le paysage.
Un Français vient féliciter les enfants, il est ému
aux larmes de les savoir parcourir l’Argentine à vélo.
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Nous reprenons la route 33. La recta del Tin Tin, incroyable ligne droite
de 15 km dont la construction fut entreprise dès le XVème siècle par les Incas,
traverse la zone protégée. Les dizaines de milliers de cactus séculaires, aux
bras étranges, tous différents et poussant d’un à trois centimètres par an nous
regardent passer.
Nous quittons la ruta 33 et rejoignons la 40, la route mythique de 5 224 km
traversant l’Argentine du nord au sud. Nous ne la ferons pas entièrement mais
elle va désormais nous occuper un moment.
Nous arrivons à Cachi en milieu d’après-midi. Après une glace bien méritée,
nous nous installons au camping municipal.
Garé près du centre du village, nous découvrons le camion de David, Prune, Vanille, Théophile, Apolline et
Anatole. Les adultes terminent la journée par
un apéro pendant que les enfants partagent quelques bons moments dans le camion.
Mardi 10.
Journée de repos peu reposante. Après un tour d’une vingtaine de kilomètres
autour de Cachi nous nous retrouvons avec Guiseppe, Jordan -un Américain- et la
famille Permanne autour d’un barbecue. Les enfants sont contents de retrouver une
fois de plus leurs copains.
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Mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13.
Trois journées sont nécessaires pour faire Cachi - Cafayate. Comme sur la
moitié de sa longueur totale, la ruta 40 n’est pas asphaltée. La piste est éprouvante, toute en bosses, avec beaucoup de sable. Les secousses viendront à bout d'une conserve de cabillaud et de mon téléphone...
Nous traversons de petits villages pittoresques où le temps semble s’être
arrêté. Les maisons sont en terre, parfois jusqu’à la toiture et les galeries aux
imposantes colonnes protègent d’un soleil piquant. Beaucoup semblent
abandonnées.
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A chaque kilomètre, le paysage est spectaculaire. La route tantôt large,
tantôt étroite serpente entre les parois parfois abruptes. Les formations rocheuses aux
formes infinies alternent couleurs ternes et vives. Proche du
rio, le vert des vignes, celui des prairies et des cultures tranchent avec ce décor minéral.
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Pour quelques milliers de pesos nous trouvons des chambres dans les
campings municipaux ou dans de petits hôtels de village. A Molinos, nous
dormons à quatre pour l’équivalent de 7 €. Pas besoin de monter et démonter la
tente, nous pouvons partir plus tôt le matin et nous arrêter plus tôt le soir, avant
que le vent ne se renforce.
Nous découvrons également les vins locaux. Nous faisons quelques
dégustations. Celle de la bodega Que Tal est mémorable. Le vigneron-poète Jorge,
qui exploite un petit hectare de vigne, nous fait découvrir ses breuvages (un verre
pour trois !) en déclamant ses poèmes. Un personnage...
Peu avant San Carlos, nous retrouvons l’asphalte, au plus grand bonheur d'Anatole !
Nous pédalons à
travers le vignoble et les bodegas de cette grande région viticole. Les Argentins sont venus en nombre à Cafayate. Comme vendredi et lundi sont
chômés, tout est complet ou presque. Nous trouvons non
sans peine au sud de la ville un petit dortoir pour une halte bien appréciée.
Nous partageons avec Guiseppe quelques empanadas et trinquons à cette belle
semaine passée ensemble.
Samedi 14, dimanche 15.
Nous restons deux jours à Cafayate. Comme d’habitude, travail, repos et
balades sont au programme.
Nous faisons un dernier restaurant avec Giuseppe qui va reprendre la route avant
nous.
Pour nous quatre, ce fut un vrai plaisir de partager avec lui ces belles étapes,
les difficultés et les joies, et tous ces moments de rire et convivialité. Ce
fut toujours simple et facile.
Nous avons gagné un ami. Grazie mille Giuseppe ! Ciao !
Chaque lecture est une invitation au voyage... merci pour ces récits passionnants, ces photos magnifiques et dépaysantes...et encore et toujours Bravo à tous les quatre pour ces étapes accomplies malgré les difficultés parfois très ardues .
RépondreSupprimerMagali, maman de Ruben
Chapeaux bas, faire autant de kilomètres dans pareilles conditions pour 3 saucisses et 1 fromage...!!
RépondreSupprimerMerci pour vos photos et textes qui nous font voyager avec émerveillement !
Bises. Corinne et Christophe
Merci à vous, et j'ai 4 nouveaux amis. Famille belle et spéciale. Grazie con il cuore.
RépondreSupprimerQuel plaisir de vous lire. Magnifique voyage, magnifique famille, magnifique humanité. Félicitations pour ce col et bon courage pour les kilomètres à venir.
RépondreSupprimerLino, ami de Paul
Coucou je viens de voir votre parcours, magnifique et courageux, continuer bien votre voyage vous nous faites rêver je vous embrasse tous martine et momo
RépondreSupprimerQuelqu'un qui connait très bien la région me dit que les chapeaux des populations tradi andines sont faits avec de la laine que l'on mouille et fait sécher et remouille et rebelote, et ensuite ça devient cette matière. Ce qui a pu venir de l'extérieur du continent il y a très longtemps, c'est la forme de la tête. Bon, il me semble qu'on ne sait pas tout.
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