vendredi 26 janvier 2024

Carretera Austral

Récit écrit par Lison, extrait de son carnet de voyage.
 
Du vendredi 19 au dimanche 21 janvier.
Nous avons tellement aimé Puerto Raul Marin que nous décidons de rester trois jours de plus. Comme la cabane que nous occupons est prise, nous la troquons contre deux chambres, dans l’hôtel du même propriétaire.  
Cela me permet de reposer mon pied d’une petite entorse que je me suis faite il y a quelque temps.
Nous passons aussi une super journée avec la famille Permanne qui a fait un détour pour nous retrouver.
Nous nous baignons dans le rio Palena et faisons des constructions en sable, tout ça en compagnie de gros taons orange qui nous tournent autour ! Vers 20 heures, nous rentrons à l’hôtel et préparons nos affaires pour le lendemain.
Lundi 22.
Ce matin, nous quittons Puerto Raul Marin par le même chemin qu’à l’aller. Nous partons sous un soleil de plomb. Nous n’avons pas l’impression de rouler sur la même piste : il y a beaucoup moins d’eau dans les rivières, la végétation nous parait moins tropicale et sans le brouillard l’ambiance est totalement différente. Nous nous baignons et remplissons nos gourdes dans une magnifique rivière aux eaux turquoise. La chaleur est accablante, mais heureusement nous trouvons un joli lieu de bivouac bien au frais dans la forêt.
Mardi 23.
Après 17 kilomètres de ripio, nous retrouvons la Carretera Austral. Nous arrivons à La Junta où nous faisons quelques courses et pique-niquons sur la place centrale. Nous repartons ensuite sur les montagnes russes de la ruta 7. 
Vers 15h30, nous trouvons un super spot de camping au bord du rio Risopatron. Tout le monde se baigne (« se lave ») sauf Anatole !
Mercredi 24.
Ce matin, nous quittons notre bivouac et continuons sur la belle route que nous avions laissée la veille.
Je fais la course avec papa (je gagne) !! Et après je suis cuite !!
Les kilomètres défilent, nous arrivons à Puyuhuapi une petite ville où nous achetons du pain. Nous longeons le fjord en compagnie de deux italiens, un argentin et un couple de québécois. La route est magnifique malgré la petite pluie fine qui nous arrose.
Nous quittons nos compagnons de voyage un peu plus loin. Nous nous arrêtons déjeuner le long du fjord.
La Carretera Austral devient ensuite du ripio. Après 64 kilomètres, nous trouvons un spot de camping, encore un fois à côté d’une rivière. Nous passons la soirée avec les cyclistes que nous avons rencontrés sur la route : Lucas et Andrea, les deux italiens et Javier, l'argentin. Andrea parle super bien français !
Jeudi 25.
Nous nous réveillons sous la pluie et nous organisons pour sortir les sacoches et plier la tente en étant le moins mouillés possible. Nos amis cyclos partent un peu avant nous.
Nous entamons l’étape par une bonne montée de 14 km sous une pluie relativement fine. 
Au col, nous retrouvons l’asphalte, le parc national Queulat est vraiment magnifique. Nous admirons plein de belles cascades qui descendent des glaciers. Malheureusement la brume nous cache un peu le paysage, mais ça a son charme.
La descente est vertigineuse, certains camions restent coincés en montant et ceux qui descendent ont les freins qui chauffent.
Nous quittons ensuite définitivement la Carretera Austral pour rejoindre Puerto Cisnes. Nous profitons de la pause du midi et d’un rayon de soleil pour faire sécher nos vêtements et la tente. Nous repartons à sec. Après une fin d’étape un peu pénible nous arrivons enfin dans la petite ville portuaire de Puerto Cisnes. Nous trouvons une cabaña pour la nuit.
 
Vendredi 26.
Ce matin, nous quittons la cabaña vers 11 heures puis allons nous abriter de la pluie dans le bar des propriétaires. Nous devons patienter jusqu’à 22h40, heure de départ de notre bateau pour l’île de Chiloé.

   

jeudi 18 janvier 2024

Patagonia chilena

Du lundi 8 au jeudi 11 janvier.
Avant de quitter définitivement le pays, nous profitons de nos dernières journées en Argentine, dans la maison de Ramon et Isabel.
Le jeune Australien Pasquale, rencontré à Esquel, nous rejoint à Trevelin pour que nous reprenions la route ensemble. La piste qui mène à la frontière est du genre cassante. Après une fracture de la clavicule, pas sûr que 40 km de ripio soit la meilleure entrée en matière. On sert les dents pour lui mais le rugbyman en a sûrement vu d’autres. Pasquale nous quitte à un kilomètre du poste frontière. Nous nous arrêtons poser la tente et dépenser nos derniers pesos argentins dans un ultime camping. Lui continue. Après un mois de convalescence, il a soif d’avancer.
Du vendredi 12 au mardi 16.
Nous voilà de nouveau au Chili. De Futaleufu nous suivons de près ou de loin le rio du même nom, fantastique spot de kayak et de rafting. Nous pédalons, non sans peine, en plein cœur de la cordillera. Le temps est maussade, le ciel couvert, le crachin intermittent et le soleil rare. Davantage d’eau, davantage de vert. La Patagonie chilienne, c’est encore un autre monde.
A Villa Santa Lucia, nous rejoignons la carretera austral, nom donné à la ruta 7. Construite sous la dictature de Pinochet et ouverte au trafic à la fin des années 80, elle permit de désenclaver les villages reculés et isolés du Chili, inaccessibles par voie terrestre. Ces dernières années, la route a été goudronnée.
Nous profitons d’un bitume impeccable jusqu’à La Junta où nous décidons de faire un crochet jusqu’à Puerto Raul Marin. Le village, situé sur une île d’à peine 300 habitants, est coincé entre un fjord, l’embouchure du rio Palena et l’océan Pacifique.
Le crochet fait tout de même 144 km aller-retour. La route de gravier et de terre, construite il y a seulement treize ans par les militaires, se fraye un chemin dans une végétation luxuriante, le long du fleuve et des falaises abruptes. Dur, mais magnifique…
Nous arrivons au village un peu éprouvés. Heureusement, nous trouvons sans peine une petite cabaña où nous installer. Après avoir délesté les vélos de leurs sacoches, nous puisons quelques forces supplémentaires pour pédaler jusqu’à l’océan. Dans le sable, nous poussons les vélos jusqu’à une ultime dune derrière laquelle surgit le Pacifique. La plage est déserte, l’émotion est forte. La récompense est belle !
Mercredi 17, jeudi 18.
En hiver il peut pleuvoir un mois sans discontinuer. Les maisons, de bois et de tôles, sont construites sur de petits pilotis. L’électricité est précieuse, elle est coupée chaque nuit et parfois une partie de la journée. Le tourisme est naissant, et à part un ou deux étrangers égarés, on ne croise que des locaux. Au restaurant du coin, on travaille uniquement les produits régionaux : robalo, sierra, puyes et jaiba (poissons et crustacés), luche et cochayuyo (algues), nalcas (plante aux énormes feuilles dont on mange la tige) et calafate (sorte de myrtilles poussant sur de petits arbres).
Puerto Raul Marin, c’est un peu notre bout du monde à nous, notre Ushuaïa en somme. En moins couru, moins peuplé, moins austral certes, mais plus paisible et plus sauvage.
La faune marine est riche. Du fjord, nous partons sur le petit bateau de Luis jusqu’aux îles Hermanas pour observer les animaux. Quelques dauphins australs jouent avec les vagues faites par l’embarcation. Dans la brume matinale apparaissent les premiers loups de mer. Des centaines d’oiseaux de toutes sortes volent, nagent ou pêchent, des loutres se chamaillent et les manchots nous offrent un amusant spectacle. Les îlots grouillent de vie.