Lundi 25 septembre.
Les objectifs de la journée sont modestes : passer la frontière,
obtenir des pesos argentins puis rouler une quarantaine de kilomètres avant de
poser la tente.
Nous disons au revoir à Yvonne et Alfredo, nos derniers hôtes boliviens. La frontière est à quelques hectomètres. Le premier objectif est rapidement
atteint : les formalités côté bolivien ne prennent que quelques minutes. Côté
argentin, il faut passer au scanner tous nos bagages, mais l’attente n’est
guère plus longue.
Direction ensuite la poste, « el correo », succursale locale de
Western Union, pour récupérer le transfert que nous avons effectué en ligne.
En raison de l’inflation galopante les argentins sont prêts à échanger des
monnaies stables comme l’euro ou le dollar au double du taux de change en
vigueur, afin de se protéger de la dévaluation du peso argentin. Ainsi, il existe deux taux de change : le taux officiel, celui de la
bourse et des banques, et le taux populaire, celui de la rue appelé le taux « blue ».
Aujourd’hui, contre un euro, on nous donne officiellement 366 pesos (144 pesos
il y a un an). Avec le taux blue, on nous donne 861 pesos, soit bien
plus du double… Western Union fonctionne avec ce taux blue. En pratique, il suffit de faire
un transfert d’argent en ligne, depuis notre compte en euros. Il ne reste
ensuite qu’à récupérer l’équivalent en pesos dans une agence.
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Malgré la belle enseigne Western Union, le préposé de la poste nous indique
qu’ils ne font pas de transfert. Heureusement cinq autres agences sont répertoriées à La Quiaca. Mais la
suite est un cauchemar : on nous balade d’agence en agence, les horaires d’ouvertures
ne sont pas respectés, on nous fait attendre des heures, on nous fait espérer mais
les gens ne viennent pas au rendez-vous... Bref, à cinq heures de l’après-midi,
aucune agence n’est capable de nous donner le moindre peso… Finalement, après avoir échangé dans la rue notre billet de 100 dollars de
secours, nous échouons lamentablement dans un hôtel, à deux minables kilomètres
de notre point de départ. Bienvenue en Argentine !
Mardi 26.
Nous quittons La Quiaca par la route 9. Nous retrouvons la pampa, morne et désertique. Les Argentins appellent ça la puna. Ce qui change par rapport à la Bolivie, c’est que ces grands espaces sont
devenus, à de nombreux endroits, impénétrables, en raison de clôtures partout
présentes et de panneaux indiquant la propriété privée. Les fermes sont modestes. Les troupeaux de vaches ou de lamas sont nombreux.
Des barrages viennent rompre la monotonie d’une progression pénible due au
vent de face. Les principaux axes de la province de Jujuy sont bloqués par des
communautés autochtones. Nous remontons la file de véhicules par le bas-côté. Les
conducteurs alanguis par la chaleur nous regardent passer. Sur les banderoles,
les revendications font état de la réforme qui vise à changer la constitution
pour encourager l’exploitation du lithium. « L’eau vaut plus que le
lithium », « Oui au tourisme, non au lithium », « A bas la
réforme ! ». Le territoire se situe dans le très convoité triangle du
lithium qui concentre 65 % des réserves mondiales de ce métal extrait des lacs
salés…
On nous laisse passer sans encombre. Les autres véhicules attendront encore
un peu.
Nous bivouaquons quelques kilomètres plus loin au pied d’une immense dune
de sable. Trois jeunes Argentins sont venus passer la fin de journée à faire du surf.
Ils nous prêtent leurs planches et nous nous essayons au sandboard !
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Mercredi 27.
Nous quittons petit à petit la puna. Nous descendons le long du rio Grande
à sec en cette saison mais qui coule abondamment en été. Le paysage change, les
montagnes prennent de la couleur, des arbres ne vont peut-être pas tarder à
réapparaître.
Nous croisons sur la route un gros camion, celui d’une famille française en voyage. Ils ont fait demi-tour pour venir à notre rencontre et s’enquérir si
nous ne manquons de rien. Ils sont six. Le petit dernier s’appelle Anatole.
Nous avons décidé de nous retrouver dans quelques jours à Salta pour passer une
soirée ensemble.
Nous arrivons à Humahuaca, célèbre pour sa quebrada (vallée en français,
canyon en anglais) et son petit centre historique, à l’architecture coloniale.
Il y a aussi une agence Western Union…
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Jeudi 28.
Nous avons passé la nuit dans le petit hôtel de Guillermo et Ana, un couple
de retraités adorables. Nous avons aussi réussi à faire effectuer notre
transfert via l’agence Western Union. Nos trois cents euros sont convertis en
256 billets de mille pesos, soit deux bonnes liasses pas très discrètes. En
Argentine, pas de pièces : les plus grosses coupures sont des billets de 2 000
pesos, l’équivalent de 2,30 € au taux blue.
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Nous devons à regret changer d’hôtel, car le wifi ne fonctionne pas. Nous
en avons besoin pour réserver une maison en prévision de notre séjour à Salta. Nous passons la journée à nous balader à Humahuaca. Nous découvrons la vie
argentine.
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Nous reprenons la route 9, de moins en moins agréable de part sa
circulation qui se densifie. Le vent se renforce, il vient de face. Nous
descendons mais nous appuyons comme des damnés sur les pédales. Nous profitons
à peine du paysage, guettant sans cesse dans le rétro les camions et les bus, souvent
peu précautionneux avec plus petits qu’eux.
Nous nous engouffrons dans une vallée latérale pour nous couper du vent. Nous
trouvons à Purmamarca un petit camping tout simple au pied de montagnes aux sept
couleurs.
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Samedi 30.
Côté vélo la journée est semblable à la précédente : vent et
circulation pénibles. Heureusement nous descendons et nous arrivons désormais à
1 500 m d’altitude. Nous retrouvons une végétation de jungle (les yungas)
avec des oiseaux et des arbres vus en forêt amazonienne. C’est également notre
première journée sans grand ciel bleu depuis le début du voyage.
Nous trouvons à Yala un camping aux standards argentins : un grand
emplacement, une table, des bancs et surtout un énorme barbecue !
Dimanche 1er octobre.
Encore un petit bout d’autoroute jusqu’à San Salvador de Jujuy et nous en
aurons fini avec le bruit du trafic. A partir d’El Carmen la route 9 se met à
serpenter, elle se transforme en petite route de montagne. Deux voitures
peuvent à peine se croiser. On se croirait en Corse, les vaches et les cochons
ne se privant pas d’occuper la chaussée. Quel bonheur !
Nous nous installons pour la nuit au bord d’un lac, sur un terrain appartenant
à un syndicat de pêche et de chasse. Pendant la nuit, nous sommes réveillés par
un troupeau de chevaux en liberté galopant autour de la tente. A même le sol,
nous ressentons les vibrations jusqu’au plus profond de nos corps. Quelles
sensations !
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Lundi 2.
Salta n’est plus qu’à une petite quarantaine de kilomètres. Le long de la
route, dans chaque prairie, dans chaque jardin, un cheval. L’Argentine est un
pays de tradition équestre. Le cheval est un animal essentiel. Le criollo est de petite taille, adapté pour le travail avec le bétail, ou pour
les sports équestres. Nous apercevons un gaucho, fier, élégant avec son chapeau
de feutre, menant sa monture à un trot vif mais saccadé.
L’entrée dans l’agglomération laisse place aux voitures. Nous empruntons une
voie cyclable jusqu’au centre de Salta. Nous prenons possession d’une grande
maison de 150 m² dans un quartier plutôt huppé de la ville.
Ces quelques jours sur place nous permettront de retrouver Guiseppe, notre
compagnon italien croisé à trois reprises déjà, la famille Permanne qui voyage
en camion et Luis, un cyclovoyageur Bolivien rencontré en route.
dites-donc, c'est vraiment exceptionnel. pas bcp de gens peuvent faire ça. peut-être une famille sur 100 000, et encore, je me demande si je ne sous-estime pas. vous prenez du Benco?
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