dimanche 15 octobre 2023

Una semana con Giuseppe

Du mardi 3 au vendredi 6 octobre.
Nous profitons du confort de notre maison pour faire travailler les enfants, cuisiner et nous reposer. Nous recevons Luis, Guiseppe, Augus et la famille Permanne : un Bolivien, un Italien, une Argentine et dix Français. On ne peut pas dire qu’on ait beaucoup visité Salta, ces quelques jours ayant plutôt eu un petit air de « comme à la maison ».
Samedi 7.
Remise en selle. Difficile de se lever tôt…
En milieu de matinée nous retrouvons Giuseppe en centre-ville. Nous avons décidé de faire un bout de chemin ensemble, au moins jusqu’à Cafayate.
C’est ensuite Luis que nous retrouvons à Cerrillos où il aide à l’organisation d’une compétition de VTT. Lison et Anatole testent le circuit. Impressionné par leur aisance, il souhaite les inscrire à la course de l’après-midi. Après quelques hésitations et un copieux pique-nique, nous reprenons finalement notre chemin. Adios Luis !
Nous tentons de quitter les zones urbanisées en évitant la circulation. La route 49 et son revêtement chaotique font parfaitement l’affaire. Quasiment aucun trafic, mais ça secoue fort par moment. Cécile perd en route ses sandales sans doute insuffisamment harnachées.
En milieu d’après-midi nous atteignons notre objectif, la route 33. Il nous faut cependant rouler encore une dizaine de kilomètres pour trouver un coin de bivouac. Nous nous installons au bord du rio Escopie, à quelques mètres du pont Chorro blanco. Les enfants nous préparent un feu. Nous trinquons à notre première journée de vélo à cinq.
Dimanche 8.
Les choses sérieuses commencent : un col à presque 3 500 m d’altitude et quasiment 50 kilomètres de montée. La route est asphaltée. Par le jeu des bosses dues au franchissement des vallées adjacentes, nous prenons lentement de l’altitude. En levant la tête on aperçoit les condors flirter avec les falaises. Les cactus apparaissent, ils cohabitent quelque temps avec les arbres.
Après une première partie sinueuse et agréable, une grande, monotone et décourageante ligne droite réussit à entamer nos forces. Nous arrivons au lieu-dit « pie de la cuesta », indiquant sans doute que le plus dur est à venir.
Ouvrant la voie vers le sommet, la route devient piste : sable, terre, pierres, tôle ondulée et forts pourcentages rendent l’effort intense. Sans compter la poussière soulevée à chaque passage de véhicule et le vent qui se lève. Le versant sur lequel nous progressons est raide. Trouver un endroit où planter une tente semble compliqué.
Dans un virage, un inespéré bout de terrain plat nous tend les bras. Après avoir franchi une clôture et déblayé bouses et crottins, l’espace est prêt à accueillir nos tentes.
33 km et 1 870 mètres de dénivelé positif, il n’en fallait pas beaucoup plus pour aujourd’hui. D’où nous sommes, nous apercevons le sommet, à 1 300 m au-dessus de nos têtes…
Lundi 9.
La tente est gelée, mais la nuit fut bonne et nous avons repris des forces.
Il reste 14 km d’ascension. Les vues sont spectaculaires. Lors d’une pause à un mirador, nous faisons connaissance avec un petit renard gris d’Argentine venu renifler nos sacoches.
Nous venons à bout de la « cuesta del Obispo » plus facilement et plus rapidement que prévu. Bien avant midi, nous sommes au sommet. Avec Giuseppe, nous nous congratulons, heureux et émus d’en terminer. Les touristes, argentins, brésiliens, uruguayens ou bien français nous félicitent et demandent à nous prendre en photo. Ils sont bavards, il est difficile de repartir !
Nous retrouvons l’asphalte. Ce sont maintenant cinquante kilomètres de dénivelé négatif qui nous attendent. Nous poussons quelques cris de joie avant d'entamer une folle descente à travers une vaste pampa.
Nous pique-niquons à l’entrée du parc national Los Cardones. Un désert de cactus a envahi le paysage.
Un Français vient féliciter les enfants, il est ému aux larmes de les savoir parcourir l’Argentine à vélo.
Nous reprenons la route 33. La recta del Tin Tin, incroyable ligne droite de 15 km dont la construction fut entreprise dès le XVème siècle par les Incas, traverse la zone protégée. Les dizaines de milliers de cactus séculaires, aux bras étranges, tous différents et poussant d’un à trois centimètres par an nous regardent passer.
Nous quittons la ruta 33 et rejoignons la 40, la route mythique de 5 224 km traversant l’Argentine du nord au sud. Nous ne la ferons pas entièrement mais elle va désormais nous occuper un moment.
Nous arrivons à Cachi en milieu d’après-midi. Après une glace bien méritée, nous nous installons au camping municipal.
Garé près du centre du village, nous découvrons le camion de David, Prune, Vanille, Théophile, Apolline et Anatole. Les adultes terminent la journée par un apéro pendant que les enfants partagent quelques bons moments dans le camion.

Mardi 10.
Journée de repos peu reposante. Après un tour d’une vingtaine de kilomètres autour de Cachi nous nous retrouvons avec Guiseppe, Jordan -un Américain- et la famille Permanne autour d’un barbecue. Les enfants sont contents de retrouver une fois de plus leurs copains.
Mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13.
Trois journées sont nécessaires pour faire Cachi - Cafayate. Comme sur la moitié de sa longueur totale, la ruta 40 n’est pas asphaltée. La piste est éprouvante, toute en bosses, avec beaucoup de sable. Les secousses viendront à bout d'une conserve de cabillaud et de mon téléphone...
Nous traversons de petits villages pittoresques où le temps semble s’être arrêté. Les maisons sont en terre, parfois jusqu’à la toiture et les galeries aux imposantes colonnes protègent d’un soleil piquant. Beaucoup semblent abandonnées.
A chaque kilomètre, le paysage est spectaculaire. La route tantôt large, tantôt étroite serpente entre les parois parfois abruptes. Les formations rocheuses aux formes infinies alternent couleurs ternes et vives. Proche du rio, le vert des vignes, celui des prairies et des cultures tranchent avec ce décor minéral.
Pour quelques milliers de pesos nous trouvons des chambres dans les campings municipaux ou dans de petits hôtels de village. A Molinos, nous dormons à quatre pour l’équivalent de 7 €. Pas besoin de monter et démonter la tente, nous pouvons partir plus tôt le matin et nous arrêter plus tôt le soir, avant que le vent ne se renforce.
Nous découvrons également les vins locaux. Nous faisons quelques dégustations. Celle de la bodega Que Tal est mémorable. Le vigneron-poète Jorge, qui exploite un petit hectare de vigne, nous fait découvrir ses breuvages (un verre pour trois !) en déclamant ses poèmes. Un personnage...
Peu avant San Carlos, nous retrouvons l’asphalte, au plus grand bonheur d'Anatole !
Nous pédalons à travers le vignoble et les bodegas de cette grande région viticole. Les Argentins sont venus en nombre à Cafayate. Comme vendredi et lundi sont chômés, tout est complet ou presque. Nous trouvons non sans peine au sud de la ville un petit dortoir pour une halte bien appréciée. Nous partageons avec Guiseppe quelques empanadas et trinquons à cette belle semaine passée ensemble.
Samedi 14, dimanche 15.
Nous restons deux jours à Cafayate. Comme d’habitude, travail, repos et balades sont au programme.
Nous faisons un dernier restaurant avec Giuseppe qui va reprendre la route avant nous.
Pour nous quatre, ce fut un vrai plaisir de partager avec lui ces belles étapes, les difficultés et les joies, et tous ces moments de rire et convivialité. Ce fut toujours simple et facile.
Nous avons gagné un ami. Grazie mille Giuseppe ! Ciao !

6 commentaires:

  1. Chaque lecture est une invitation au voyage... merci pour ces récits passionnants, ces photos magnifiques et dépaysantes...et encore et toujours Bravo à tous les quatre pour ces étapes accomplies malgré les difficultés parfois très ardues .

    Magali, maman de Ruben

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  2. Chapeaux bas, faire autant de kilomètres dans pareilles conditions pour 3 saucisses et 1 fromage...!!
    Merci pour vos photos et textes qui nous font voyager avec émerveillement !
    Bises. Corinne et Christophe

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  3. Merci à vous, et j'ai 4 nouveaux amis. Famille belle et spéciale. Grazie con il cuore.

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  4. Quel plaisir de vous lire. Magnifique voyage, magnifique famille, magnifique humanité. Félicitations pour ce col et bon courage pour les kilomètres à venir.
    Lino, ami de Paul

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  5. Coucou je viens de voir votre parcours, magnifique et courageux, continuer bien votre voyage vous nous faites rêver je vous embrasse tous martine et momo

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  6. Quelqu'un qui connait très bien la région me dit que les chapeaux des populations tradi andines sont faits avec de la laine que l'on mouille et fait sécher et remouille et rebelote, et ensuite ça devient cette matière. Ce qui a pu venir de l'extérieur du continent il y a très longtemps, c'est la forme de la tête. Bon, il me semble qu'on ne sait pas tout.

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