Vendredi 24 novembre.
Au départ de Villa Pehuenia, nous partons en direction de la ruta 11 pour une
boucle de 140 km autour des lacs de la région.
Nous sommes accompagnés de Miguel un cyclo-voyageur argentin. Nous l’avions
déjà rencontré il y a quelques semaines à Malargüe. Il est parti de chez lui,
dans la région de Cordoba, pour aller jusqu’à Ushuaïa et revenir par la côte
atlantique. Il a changé ses plans pour pédaler avec nous. Il a fait la veille
le tour des campings pour nous chercher, ayant entendu dire que nous étions
dans le coin.
Dans le tout petit monde des cyclo-voyageurs en route vers le sud, c’est
marrant de savoir que nous sommes « la famille française », tout
comme il y a « Alexei le Russe », « Marco le Brésilien », « Giuseppe
l’Italien », etc. Nous nous croisons souvent, nous nous retrouvons parfois,
et nous avons toujours des nouvelles des uns par les autres : j’ai vu untel
par-là, un autre est ici, ils sont passés dans le coin...
Miguel tient une petite ferreteria. Il vit de ses économies et travaille également
en tant que boulanger pendant son voyage. Il n’est pas dans une course effrénée
vers la symbolique ville d'Ushuaïa. Comme nous, il a aussi envie de profiter des paysages.
Nous roulons sur une piste magnifique au milieu des araucarias, des sapins, des
montagnes, des lacs et des eaux vives.
Après une cinquantaine de kilomètres, nous nous installons dans une petite
clairière traversée par un ruisseau tortueux. Miguel partage le traditionnel
maté argentin et nous passons la nuit abrités par le tarp.
Samedi 25.
Les enfants ont construit un barrage sur le ruisseau, difficile de décoller
tôt…
La piste est toujours aussi belle et nous prenons encore plus notre temps
que la veille. Loin de tout, nous trouvons un peu de pain, de fromage et de
charcuterie pour le pique-nique du midi au bord du lago Norquinco.
Nous posons
ensuite la tente sur la rive du rio Pulmari, dans un camping de pêcheurs.
Dans le parc national, on n’a le droit de pêcher qu’à la mouche. Lison et
Anatole s’y essayent.
Pas de truite pour nous, mais nous mangeons un cochon de lait préparé par
notre asador en chef, Miguel.
Dimanche 26.
Le réveil est tardif après la soirée arrosée de la veille... Nous décollons
à 11 heures !
A la croisée de la ruta 23, nous laissons Miguel, qui poursuit sa route
vers le sud. Nous nous retrouverons peut-être plus tard. Hasta luego amigo !
De notre côté nous terminons notre boucle. Nous remontons le mouvementé rio
Aluminé qui a accueilli les championnats du monde de rafting en 2018. La piste
est mauvaise et en travaux. Après quelques efforts, nous ne sommes pas
mécontents de retrouver notre petit camping, celui de Mario et de sa famille
mapuche. Nous plantons la tente sur le meilleur emplacement : plage
privée, vue sur lac et montagnes !
Lundi 27.
Journée de repos. Nous faisons la connaissance de Mauricio, motard argentin,
et de Sergio, cyclo-voyageur parti depuis deux ans et demi. En Argentine, on ne
reste pas longtemps seuls…
Comme souvent, nous finissons la journée autour du feu. Les enfants font
découvrir à Mauricio et Sergio les marshmallows grillés.
Mardi 28.
Direction le Chili. Le col d’Icalma qui marque la frontière est à une
quinzaine de kilomètres.
Nous perdons un temps précieux à la douane chilienne où
nous tombons sur un fonctionnaire malgracieux et presque malveillant. Ça me met
un peu les nerfs, et j’effectue la descente du col pas très détendu. Ça fait
marrer Cécile et les enfants, c’est toujours ça.
Comme c’était déjà le cas du côté argentin, nous sommes en territoire Mapuche,
peuple autochtone souvent maltraité mais réputé pour sa combattivité face à l’adversité.
Si j’avais été Mapuche le douanier aurait passé un sale quart d’heure. Je me
suis retenu…
De ce côté-ci de la cordillère, le paysage est plus vert, les fleurs plus
nombreuses. Les cascades et les torrents nous ravitaillent en eau. Les nuages
formés au-dessus du pacifique déversent leurs pluies sur les versants chiliens
des montagnes andines.
De ce côté-ci de la cordillère, nous remarquons que les chiens défendent les
propriétés, ils aboient, ils accourent, ils sont d’une agressivité qui fait
peur. Alors que nous roulons à bonne allure, un berger allemand saute une
barrière. Il nous poursuit et tente de nous mordre. Le temps de sortir mon
bâton, Lison me heurte et tombe. Le chien s’enfuit sous la menace d’un coup de
trique. Lison, qui s’est légèrement éraflé le genou, se relève. Elle a mal au
coude et à un poignet, mais tout semble plier dans le bon sens... Après le
douanier du matin, me voilà en colère contre la propriétaire incapable de rappeler
son chien. Je lui hurle dessus.
On se calme et on repart...
De ce côté-ci de la cordillère encore, la plupart des bords de routes et de
chemins sont clôturés de barbelés. Même les espaces sauvages deviennent parfois
quasi-impénétrables. Trouver un coin de bivouac n’est pas facile.
De retour dans la vallée, la route traverse une mer de lave. Nous arrivons à
Melipeuco, au pied d’El Llaima. Le volcan est actif, il culmine à 3 195 m
d’altitude. Nous nous installons dans un agrocamping.
Au supermarché du coin, nous vérifions ce que tous les voyageurs rencontrés
nous ont dit : au Chili, c’est très cher. Beaucoup plus cher qu’en Argentine
et parfois même qu’en France.
Mercredi 29.
L’étape est facile, la route est asphaltée avec peu de dénivelé.
Peu après
Cunco, nous sommes rejoints par Brieuc, un cyclo bruxellois que nous avions déjà
aperçu à Villa Pehuenia. Nous discutons, et les kilomètres défilent sans qu’on
s’en aperçoive. Nous nous arrêtons avant lui, peu après Los Laureles. Il doit continuer
d’avancer car il a un plan ski de randonnée 400 km plus au sud. Bonne route
Brieuc !
Nous trouvons un petit camping en bord de rivière. A part quelques moutons
chargés de l’entretien du terrain, nous sommes seuls.
Jeudi 30.
Nous devons rallier Villarrica. Nous y ferons quelques courses avant d’aller
prendre possession de la maison que nous avons louée pour laisser passer le
mauvais temps à venir.
La route qui devient ripio est toute en bosses. Les montées comme les
descentes sont souvent courtes mais sèches.
Au détour d’un virage, nous sommes de nouveau agressés par six chiens
féroces. Le propriétaire, de l’autre côté de l’enclos, est également incapable de les
rappeler, nous ordonnant simplement de leur lancer des pierres. On croit rêver.
Nous nous en sortons avec plus de peur que de mal. Nous nous arrêterons un peu
plus loin pour armer chacun d’entre nous d’un bâton.
Peu avant d’arriver à Villarrica, la vue sur le lac et le volcan du même
nom est spectaculaire. Le Villarrica est l’un des plus actif du pays.
Après un passage à la banque et au supermarché, nous filons nous installer à
la campagne, loin de l’agitation et de la circulation de la ville.
Vendredi 1er décembre.
Nous regardons tomber la pluie par la baie vitrée qui donne sur la terrasse.
Le poêle tourne à fond, le linge sèche. Une vraie journée de repos.
Avec vos récits intéressants et vos belles photos vous apportez un peu de soleil dans notre vie morose de retraités
RépondreSupprimerOn pense bien à vous
Mado et René
Coucou Cécile et Cie! J'attends toujours avec impatience vos publications et à chaque fois, je me dis "Quelle belle aventure familiale!". Merci pour ces partages de photos, d'anecdotes, de découvertes etc....Continuez bien!
RépondreSupprimercoucou à la petite famille, merci pour cette belle épopée que vous partagez sans modération, que d'aventures, certaines coquasses d'autres moins mais plus de peur que de mal dans l'ensemble. Bonne continuation !
RépondreSupprimerOn aurait l'impression que tous ces lieux sont exceptionnels :)
RépondreSupprimerA part l'usure de l'assise, vos péripéties donnent toujours autant envie ♥
(belle prise Anatole, dommage que les piranhas aient bouffé l'autre moitié !)
Prenant, un peu d'avance, Joyeux Noël !
Cancan Lacan