Lundi 11 décembre.
Au départ de San Martin de los Andes, nous attaquons la route des sept
lacs.
Nous retrouvons par la même occasion la ruta 40. L’itinéraire est
touristique, la plupart des véhicules que nous croisons sont des voitures de
location. Nous rencontrons également plusieurs cyclistes : un Espagnol, un
Australien, une famille allemande et une Péruvienne.
Le ciel devenant menaçant, nous nous installons au bord du lac Villarino. La
pluie arrive, nous passons la soirée sous la tente. C’est fou qu’un petit bout
de toile épais de quelques dixièmes de millimètres et lourd de sept kilos nous fasse
nous sentir comme à la maison.
Quand le clapotis des gouttes d’eau s’intensifie, il nous isole du monde alentour,
aphone pour l’occasion. Quelle étrange sensation de se sentir sourd, d’imaginer
qu’à l’extérieur tout pourrait se passer sans que nous n’en sachions rien. Nous
préparons le dîner, les enfants écrivent leur cahier de voyage. Nous mangeons,
nous discutons, nous regardons les photos du jour. Nous nous endormons.
Nous retrouvons Locera, la cycliste péruvienne. Elle est accompagnée d’un
chien qui la suit depuis la veille.
Partie sur les routes il y a un an avec son sac à dos, elle a dégoté un
vélo il y a quelques mois pour gagner en autonomie. Son cadre est voilé. Sa
transmission, insuffisamment démultipliée pour emmener un vélo chargé dans les
montées abruptes, semble bien fatiguée. Ses pneus, dégonflés, sont usés jusqu’à
la corde. En guise de sacoches, deux bidons enrubannés de toile de jute sont maintenus
l’un à l’autre par une sorte de scotch épais. Pour le reste, quelques sacs attachés
sur le cadre et le guidon ; des couvertures, lourdes et encombrantes ;
un tapis de sol défraichi, enroulé à l’arrière ; une tente, peut-être ;
une bouteille d’un litre d’eau, pas plus ; et sans doute pas grand-chose en
nourriture ; de la volonté, du courage et de la joie de vivre, à revendre.
Ça force le respect, chapeau bas.
Nous ne pourrons malheureusement pas rouler longtemps ensemble. La progression
de Locera est lente et saccadée en raison du chien qui la suit. Elle s’est déjà
attachée à lui, elle tente de le nourrir, elle l’abreuve. Sumaq, qui
signifie Beau en quechua, court devant, revient en arrière, s’arrête,
repart, et manque de nous renverser. Il n’est non plus pas loin de se faire
écraser à chaque fois qu’un véhicule passe… Suerte Locera, buen camino !
Après une magnifique étape, après les lacs Machonico, Villarino, Falkner et
Correntoso, après avoir quitté le parque nacional Lanin, nous nous arrêtons au
bord du lac Espejo dans l’un des campings gratuits du parque nacional Nahuel
Huapi.
Mercredi 13.
Nous prenons le petit-déjeuner en compagnie d’une famille d'oies patagones.
Si la route est toujours aussi belle, rouler est cependant moins agréable. La
ruta 231 venant du Chili déverse désormais son flot de camions citernes et de cars
de touristes sur la 40. Le trafic se densifie jusqu’à Villa la Angostura, il redevient
plus supportable ensuite.
Nous longeons désormais le tentaculaire lac de Nahuel Huapi. De nombreux
ponts enjambent les eaux vives qui se déversent un peu partout dans ses différents
bras. A l’embouchure, les nuances de bleus sont incroyables.
Nous nous installons en bord de rivage, sous des arbres, dans un coin à l’écart
des regards et du bruit. Avec Anatole, nous partons à la recherche d’une belle
pierre plate pour y faire cuire au feu de bois quelques tortas que Lison et
Cécile ont façonnées avec un peu de farine, d’eau et d’huile. La soirée est
magique. Le soleil finira sa course pile poil en face de nous. Un bivouac de
rêve.
La fameuse route des lacs se termine à San Carlos de Bariloche. Avec ses
150 000 habitants, c’est la plus grande ville de Patagonie argentine. Nous
y arrivons en fin de matinée.
Après un pique-nique, quelques courses et un tour en ville, nous partons
chez Miguel, membre de Warmshowers, qui nous accueille chez lui. Nous
plantons la tente dans son jardin. Au fond s'y trouvent son atelier, une petite cuisine
et une salle de bains pour accueillir ses invités. Il y a aussi un petit musée,
avec des vélos italiens, français et argentins de toutes les époques.
C’est un passionné. Il a créé sa propre marque de vélo : Nitzsche. Il
fabrique des répliques d’anciens modèles mais construit également des vélos de
voyage bien actuels.
Vendredi 15.
Miguel nous a proposé de rester une nuit de plus chez lui. Nous en
profitons pour aller prospecter et tenter de trouver une maison pour passer
confortablement la fin d’année. Bariloche ne nous a pas beaucoup plu. On ne comprend pas bien pourquoi tout le monde en fait tout un plat. La ville
est plutôt quelconque, avec beaucoup de monde, de la circulation et du bruit.
C'est à une dizaine de kilomètres de l'agitation que nous trouvons finalement notre bonheur, sur les
rives du lac Gutierrez.
Samedi 16.
Nous prenons possession de notre cabaña. Les enfants sont ravis de se poser
un peu. Seul bémol, nous devrons libérer les lieux le 24 décembre. Il faudra
trouver un autre endroit pour passer Noël.
Nous avons invité Miguel et sa compagne Alejandra à manger « à la
maison ».
Après cela, nous montons ensemble jusqu’à la station de ski
Villa Catedral. Nous les quittons là-haut, avant de dévaler une splendide
piste de VTT de descente. Les sacoches frottent un peu…
Balade et farniente.
Nous devrions reprendre les vélos et notre route vers le sud un peu après
Noël.
Bonnes fêtes à tous !
Joyeuses fêtes de fin d'année Cécile, Mathieu, Lison et Anatole! et Mille Mercis une fois de plus pour tous ces moments partagés qui font rêver!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerMerci pour ce partage. Marc m'a fait decouvrir votre site. Super!
Les paysages sont sublimes.
Je vous souhaite un beau voyage et à n'en pas douter une belle année.
Auriez vous une page de présentaion?
Lionel
Coucou les amis !!! Que de belles choses découvertes avec vous !!! Bonne année à tous les 4, pleine de sourires à vélo, ou ailleurs.... Biz de Loïc J. et du collège (à bientôt !!!)
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